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Les Aliments, plantes, et médicaments Galactogènes (ou galactogogues) : est-ce vraiment efficace pour booster la lactation?

Dernière mise à jour : il y a 6 jours


boite de tisane et théière
tisane- crédit photo Wix

Pour de nombreuses mères allaitantes, produire suffisamment de lait est une préoccupation majeure, ce qui conduit à la recherche de solutions naturelles pour stimuler la lactation.

Les aliments galactogènes sont des aliments, plantes ou herbes, qui sont réputés pour leur capacité à augmenter la production de lait maternel. Le terme vient du grec "galactos" signifiant lait et "gen" signifiant produire. Ces aliments ou herbes sont utilisés depuis des siècles dans diverses cultures pour soutenir les mères allaitantes. Près de 30% des mères allaitantes aux USA en utilisent.

Il y a également des médicaments.

Les mécanismes supposés d'action sont soit l'augmentation de la prolactine, soit la stimulation des récepteurs de la prolactine, les effets anti-oxydants et anti-inflammatoires, (1). D'autres mécanismes qui ont été proposés sont la libération de prolactine induite par l'histamine ou la sensibilisation des cellules épithéliales mammaires à l'insuline pour la rue de chèvre (Galega officinalis).


1 .Les aliments réputés galactogènes: 

Parmi les aliments réputés pour favoriser la production de lait maternel, on retrouve  notamment les aliments suivants:

Quinoa, lentilles, avoine, amandes, levure de bière, malt d'orge,


2. Les herbes réputées galactogènes:

On retrouve les herbes suivantes:  verveine, ortie, fenouil*, fénugrec, moringa, anis , cumin, chardon marie, galega officinalis.

Chaque marque de tisane va proposer sa propre composition d'herbes.

  • Le galactogène le plus étudié reste le fénugrec, toutefois il semble que certaines femmes répondent de manière négative à cette plante. C'est une plante qui peut provoquer des hypoglycémies, à éviter en cas de diabète. Mais elle serait efficace en cas de troubles de l'allaitement liés à une résistance à l'insuline ou au syndrôme des ovaires polykystiques (7)

  • Le galega officinalis pourrait être efficace pour les cas d'hypoplasies mammaires (6) et dans le cadre du SOPK. Toutefois un article récent de 2024 met en avance le manque d'études de qualité à ce sujet: son efficacité reste à prouver (1).

  • Le moringa pourrait aider à augmenter le poids des bébés (6) et l'article de 2024(1) rapporte plusieurs études qui témoignent d'une efficacité possible.

  • L'asperge sauvage (Asparagus racemosus , wild asparagus), aussi appelée shatavari, est utilisée en Inde dans la pharmacopée ayurvédique. Ses racines contiennent des composant anti-oxydants et anti-inflammatoires . Deux petites études, mais relativement bien réalisées, ont révélé une activité galactogogue de cette plante avec une augmentation des quantités de lait produites ou du poids de l'enfant dans le groupe traité par rapport au placebo. (1)


Il est recommandé de discuter avec votre médecin ou votre pharmacien de l'utilisation de ces plantes car elles peuvent induire des effets indésirables ou avoir des interactions médicamenteuses.



*En 2024, l'Agence européenne du Médicament ne recommande pas les tisanes à base de fenouil en raison d'une potentielle toxicité chez l'homme, voir cet article à ce sujet


3. Les médicaments galactogènes

Le Galactogil : 

extraits concentrés de malt d’Orge, de graines de Fenouil , de fruits d’Anis vert et de Calcium. Spécialité pharmaceutique souvent prescrite, mais dont l’innocuité pourrait être remise en question puisqu'il contient du fenouil.



La dompéridone

La dompéridone est parfois suggérée pour favoriser la lactation. En effet, cette molécule augmente la prolactine et a parfois pour effet indésirable de provoquer une lactation. Elle a été étudiée notamment chez les mères de bébé prématurés , chez lesquelles on observait une augmentation de lactation modérée de l'ordre de 80 ml/j.

  • l’utilisation en tant que galactogène est hors-AMM en France, son utilisation étant réservée au soulagement des nausées et vomissements. En raison des effets indésirables cardiaques graves rares associés à son utilisation (notamment un allongement de l’intervalle QT, des torsades de pointes, une arythmie ventriculaire grave voire une mort subite), l’ANSM a émis des recommandations (2) pour limiter le risque cardiaque en 2014 (notamment posologie maximale de 30 mg par jour et durée la plus courte possible sans dépasser une semaine) et a récemment restreint son utilisation aux personnes âgées de plus de 12 ans en 2019

  • Dans l’utilisation en tant que galactogène à la posologie de 30 mg/j pendant 7j, une méta-analyse publiée en 2019 montre une augmentation de production de lait de 94 ml en moyenne et que l’augmentation de la durée d’utilisation à 14 jours n’apportait pas de bénéfice supplémentaire en terme de production.(3)

  • Le protocole de L’Academy of Breastfeeding Medicine (4) sur l’usage des galactogènes publié en 2018  mentionne un risque d’incidence très faible des arythmies chez les femmes en post-partum prenant de la dompéridone, mais qui peut augmenter en fonction de l’historique médical, l’IMC, la posologie utilisée et les interactions médicamenteuses. Des précautions particulières (posologie, suivi) sont proposées en cas de prescription.

  • On note également un risque de troubles psychiatriques lors de l'arrêt de ce médicament (5)


4. Les études scientifiques 


La qualité des études concernant les galactogènes laisse à désirer: selon Philip O Andersen (1), on note notamment: l'incapacité de définir les produits testés, l'utilisation de mélanges multi-ingrédients, l'absence de double aveugle, l'absence de contrôle placebo, l'incapacité de définir la population étudiée, les critères d'évaluation inappropriés et l'incapacité d'utiliser l'analyse en intention de traiter. Il souligne les biais de certaines études : par exemple les mères qui reçoivent la plante recoivent plus d'éducation sur l'allaitement. Il indique qu'il y a certainement un effet placebo important

Cet auteur souligne également la disparité de composition des galactogènes en principes actifs selon les producteurs, et les pays .



Que disent les sociétés savantes sur ces herbes? 


 L'Academy of Breastfeeding Medicine, société savante de référence dans le domaine de l'allaitement, dans son protocole 9 indique: “Bien que le fait que ces herbes soient utilisées depuis des siècles sans danger apparent soit rassurant, il existe peu ou pas de preuves scientifiques de leur efficacité ou de leur innocuité. "


Voici les conclusions d'une revue Cochrane** (6) sur les galactogènes :

"En raison de données probantes extrêmement limitées et d’un niveau de confiance très faible, nous ne savons pas si les galactagogues ont un effet quelconque sur la proportion de mères qui ont continué à allaiter à 3, 4 et 6 mois. Il y a peu de données probantes indiquant que les galactagogues pharmacologiques puissent augmenter le volume du lait. Certaines analyses de sous‐groupes montrent que les galactagogues naturels peuvent avoir un effet bénéfique sur le poids des enfants et le volume du lait chez les mères d'enfants nés à terme et en bonne santé, mais en raison de l'hétérogénéité substantielle des études, de l'imprécision des mesures et des rapports incomplets, nous sommes très incertains de l'ampleur de l'effet."



En conclusion, après des générations de bébés nourris au lait artificiel, et une médicalisation des rythmes des bébés, l'allaitement maternel , bien que “naturel”, est devenu une pratique en grande partie oubliée.

Beaucoup de mères redoutent à tort une baisse de lactation, une anxiété qui profite largement aux fabricants de compléments alimentaires. Bien que certaines plantes et aliments soient réputés pour stimuler la lactation, les études ne fournissent pas de preuves solides à ce sujet, suggérant plutôt un probable effet placebo.

Au lieu de recourir à des infusions au goût discutable (qui aime vraiment le fenouil ?), une alimentation diversifiée, du repos, la proximité avec le bébé, associés à un drainage régulier et efficace des seins, demeurent l'approche la plus naturelle et efficace pour soutenir la production de lait.



** Une revue cochrane: C’est une revue de plusieurs études sur un sujet de santé. Les revues Cochrane sont mondialement reconnues comme fournissant les preuves du plus haut niveau en matière de soins de santé fondés sur des données probantes.



Disclaimer: Cet article a pour but de fournir des informations générales et ne se substitue en aucun cas à un avis médical. Il est essentiel de consulter un professionnel de santé pour toute question relative à votre situation personnelle.

Pour un accompagnement personnalisé de votre allaitement vous pouvez prendre rdv 





Références bibliographiques

  1. Philip O. Anderson. Herbal Galactogogues: Some “New” Arrivals. Breastfeeding Medicine202419:10,752-755

  2. Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé. Point d’information sur la dompéridone. Disponible ici  (consulté le 03/12/2019)

  3. Base de données Lactmed. Fiche sur la Dompéridone. (Consultée le 03/12/2019 )

  4. Academy of Breastfeeding Medicine. ABM Clinical Protocol #9: Use of Galactogogues in Initiating or Augmenting Maternal Milk Production, Second Revision 2018. (Consulté le 03/12/2019).

  5. Majdinasab E, Haque S, Stark A, Krutsch K, Hale TW. Psychiatric Manifestations of Withdrawal Following Domperidone Used as a Galactagogue. Breastfeed Med. 2022 Dec;17(12):1018-1024. doi: 10.1089/bfm.2022.0190. Epub 2022 Nov 11. PMID: 36367713.

  6. Foong et al.Cochrane review 2020. Des galactagogues oraux (thérapies ou médicaments naturels) pour augmenter la production de lait maternel chez les mères de nourrissons nés à terme non hospitalisés

  7. Lisa Marasco. Making more milk.2020


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